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La magie enchanteresse des mondes splugorths... Illustration de Michael Whelan.

Après ma petite introduction consacrée à ce qui fait des Grands Anciens du Méga-univers de Rifts des entités "maléfiques", nous allons maintenant regarder ce qu'il en est plus en détail. Aujourd'hui: les Splugorths (Rifts World Book 2: Atlantis et Rifts Dimension Book 2: Phase World).

Splugorth... Rien que leur nom est indicible. Ou, à l'extrême rigueur, difficilement prononçable. Les Splugorths font partie des Grands Méchants iconiques de Rifts. Pour rappel, ce sont des servant·es des Splugorths (un Sploog et des Altaranes) que l'on voit sur la couverture de la première édition du jeu (lisez cet article). Et c'est encore un Splugorth que l'on découvre — le gros nœnœil avec les tentacules — sur la couverture de Rifts Ultimate Edition. "Iconiques" je vous dis. Sur la Terre des Rifts, ces sales bêtes ont quand-même un continent entier à leur disposition: Atlantis. Dans l'autre gros morceau du Méga-univers de Rifts (les Trois Galaxies), ceux-ci ont leur petit empire galactique à eux. Et ne parlons pas de leurs autres possessions dans d'autres Dimensions. Du lourd.

Qu'est-ce qui fait des Splugorths des Grands Méchants?

"Wothan the Slayer", Splugorth fugitif. Par Thomas Miller.

Oui — excellente question! — car, de prime abord, ils ont l'air bien urbains ces Splugorths. Beaucoup plus civilisés que leurs cousins Zllyphans, Vampires et autres Seigneurs des Profondeurs.

Tout d'abord les Splugorths sont des êtres sociaux et sociables. On peut croiser un Splugorth "renégat" — au ban de la société des autres Splugorths (comme "Wothan the Slayer" dans RCB2: Pantheons of the Megaverse) —, voire même deux Splugorths qui se font la guerre en loucedé. Mais, dans l'ensemble, ceux-ci font plus que collaborer entre eux. Chaque Splugorth travaille dans l'intérêt de tous les Splugorths. Et "l'intérêt de tous les Splugorths" ça consiste à conquérir et dominer tout le Méga-univers. Rien que ça. Sociables ET ambitieux.

Ensuite les Splugorths sont civilisés. Ça leur arrive bien de raser quelques planètes de ci de là mais, en général, ils préfèrent préserver la population et le bâti des mondes qu'ils conquièrent. Pour un·e visiteur·se étranger·ère, une cité splugorth est un très chouette endroit à visiter: c'est propre, animé, sûr, cosmopolite, riche, vibrant d'activité...  À condition que le·la dit·e visiteur·se n'ait pas une gueule de victime.

De victime? Oui. Car les Splugorths sont des esclavagistes. Des maîtres esclavagistes.

Idéalement, ils aimeraient bien réduire en esclavage TOUT le Méga-univers. Non seulement ils capturent des esclaves partout dans le Méga-univers pour les revendre — parfois, pas toujours — sur leurs marchés inter-dimensionnels, mais c'est l'ensemble de la société splugorth qui est édifiée sur la base de l'esclavage.

Lord Splynncryth, Splugorth. Par Kevin Long.

La société splugorth est organisée hiérarchiquement sur une base raciale. Au sommet on trouve, bien évidemment, les Splugorths eux-mêmes. Je rappelle que ce sont des Grands Anciens, au pouvoir quasi-divin, et que vous n'en rencontrerez qu'un seul par monde dominé. Les plus connus sont Splynncryth, qui règne sur Atlantis et les colonies de la Terre des Rifts (Rifts World Book 2: Atlantis), et Klynncryth, ambassadeur et maître du quartier splugorth sur Centre (Rifts Dimension Book 2: Phase World). Mais il y en a d'autres. Beaucoup trop.

À la base de la société splugorth, on trouve les masses serviles, de toutes races, le plus souvent humanoïdes. Les esclaves des Splugorths font office de servant·es, de biens à vendre ou à échanger, de nourriture, de cobayes, d'objets de loisir... Les Splugorths ont aussi besoin de créatures magiques pour faire fonctionner leurs (innombrables) artefacts de bio-sorcellerie. En conséquence, ils capturent aussi des millions (milliards?) de fées et autres races riches en PPE pour ce faire. Bref, captifs et captives sont juste indispensables au bon fonctionnement des mondes splugorths.

Entre le sommet (les Splugorths) et la base (les esclaves), on trouve les Laquais ("Minions of Splugorth" en VO). Ce sont toutes les races "vassales" ou "clientes" des Splugorths, elles-aussi organisées selon une hiérarchie très précise. Et, de fait, la condition d'un Kydian n'est pas du tout la même que celle d'une Altarane, par exemple. Mais, à priori, ce ne sont pas des esclaves.

Et à posteriori?

Les Laquais peuvent se la péter autant qu'ils veulent, ce sont eux-aussi des esclaves. Quand on regarde leurs fonctions d'un peu plus près — même si Kevin Siembieda ne s'attarde guère (pas du tout) sur leur situation —, on se rend compte que leurs libertés sont plus que réduites.

High Lord. Illustration de Kevin Siembieda.

Prenez les "High Lords" — je ne leur connais pas d'autre nom... — par exemple. Race extra-dimensionnelle particulièrement malveillante, et — ne nous mentons pas — moche, ce sont, en quelque sorte, les cadres supérieurs de Splugorth & Co.. Ça a l'air sympa comme situation, non? Les High Lords gèrent l'empire splugorth pour leurs maîtres tentaculeux et mono-oculaires. Ils (Elles? Y aurait-il des "High Ladies"?) sont généraux, grands prêtres, ministres, directeurs, ingénieurs, archimages, gouverneurs, conseillers, ambassadeurs... Que du lourd. À tel point que nombre de personnes croient que les High Lords SONT les Splugorths! Bien évidemment, en tant qu'élite, les High Lords vivent dans le luxe. Le plus pauvre et mal placé d'entre eux vit dans un petit palais bien gardé avec une cohorte de servant·es à son service. La classe.

Mais en fait non.

Un High Lord souhaite militer pour la paix et l'amour entre les races? Un autre veut créer une communauté High Lord autonome et décroissante dans une petite Dimension de poche sympatoche? Un troisième hésite entre devenir fleuriste, éleveur d'ovins dans le Larzac ou artiste peintre? Et bien sachez que tous trois peuvent se gratter les fesses. Longtemps. Et bien profond.

Ça ne leur est nullement autorisé par leurs maîtres splugorths.

Les Splugorths n'ont aucune considération pour des notions comme la liberté, le libre arbitre, le désir, l'amour, le lien... Ben oui: ce sont des Grands Anciens. D'un style très particulier mais des Grands Anciens quand-même. Ils ont bâti un empire inter-dimensionnel entièrement structuré autour de leur perversité, leur ambition et leur soif de pouvoir. Rien d'autre ne compte. Aussi haut placés soient-ils, les High Lords font totalement partie de cet ordre. Depuis des éons, ils servent les splugorths sans pouvoir nourrir le moindre rêve de quoi que ce soit d'autre.

Vous voyez où je veux en venir? Que, en définitive, si les High Lords vivent dans un environnement rutilant c'est parce qu'il s'agit d'une cage dorée. Les High Lords peuvent se bercer d'illusions et se prendre pour des boss mais, en réalité, aux yeux de leurs maîtres splugorths, ils ont à peine plus de valeur et de liberté que le dernier des esclaves. 

Kydian (à gauche). Par Kent Burles.

Je pense que l'exemple des High Lords suffit amplement pour mon propos mais, comme j'ai une chouette illustration de Kydian à vous refiler, par Kent Burles, il faut que je vous parle aussi de ceux-ci.

Autre race extra-dimensionnelle particulièrement malveillante et moche, les Kydians sont les gros bras de l'empire splugorth. Soldats, policiers, gardes du corps, vigiles, videurs de boîte... Ce sont eux qui font régner l'ordre au sein des mondes splugorths. Comme pour les High Lords (et tous les autres Laquais à l'exception, forcément, des Altaranes), il doit exister des Kydianes quelque part mais Kevin Siembieda n'en parle pas. Je vous parle d'une époque où l'on pouvait encore écrire des jeux de rôle, et des suppléments, en omettant la moitié féminine du vivant.

Dans l'empire splugorth, les Kydians sont juste en-dessous des High Lords. Ou à côté. Ou... Waaa on s'en fout: ils ont de grosses bagnoles (bio-ensorcelées bien sûr) rutilantes, des slips en soie et des casernes trois étoiles. Mais aucune aspiration personnelle, hormis, peut-être, de monter en grade. Comme les High Lords — et tous les autres Laquais — ils ne doivent pas espérer aspirer à quoi que ce soit qui ne serve pas la volonté de puissance des Splugorths.

Un Kydian militant de la cause LGBT? Permaculteur? Intermittent du spectacle? Même pas en rêve.

Et c'est la même pour tous les autres. Les Sploogs sont condamnés à razzier des villages pour capturer de futur·es esclaves. Les Altaranes n'ont pas d'autres perspectives que défoncer des têtes en string MDC. Les Kittanis sont abonnés à la construction, l'entretien et le pilotage de machines de guerre hyper-technologiques pour encore plusieurs centaines de siècles. Les Murex Metztlas continuent à pondre des œufs au bénéfice de l'empire. Et cetera.

Vous pouvez toujours me rétorquer que, dans nos sociétés humaines, ce ne sont pas les déterminismes sociaux qui manquent. Et vous aurez raison. Mais il y a moyen d'y échapper, avec pertes et fracas parfois, mais c'est quand-même possible. Et, si on échoue, peut-être que la génération suivante y arrivera, elle. 

Rien de tel chez les Splugorths. 

Vouloir échapper à sa place entraîne la mort du sujet déviant. Au mieux. Le contrôle des Laquais par les Splugorths est subtil, dissimulé, mais il est total. Chaque Laquais a une place et une fonction auxquelles il·elle ne peut échapper. Sinon... Et c'est ce que les splugorths promettent au reste du Méga-univers: une soumission totale et absolue.

Bon, pour être tout à fait honnête, c'est une lecture toute personnelle des choses. En rédigeant Rifts World Book 2: Atlantis, Kevin Siembieda ne s'est pas encombré de ce genre de considérations (de la même façon qu'il ne s'est pas encombrée de Laquais "femelles", hormis les Altaranes bien sûr). Pour lui, les Laquais sont "méchants", point barre. Savoir si ils aspirent à autre chose c'est croire que l'on joue à un autre jeu que Rifts.

J'ai pris conscience du caractère totalitaire de la société splugorth lorsque je me suis posé la question du caractère "lovecraftien" des Splugorths. Physiquement, ils ont une sale gueule et pourraient taper l'incruste dans le Mythe de Cthulhu sans trop se faire remarquer. Culturellement, ils nous ressemblent énormément et, à la lecture de Rifts World Book 2: Atlantis, leur caractère "indicible" et "inhumain" aurait tendance à s'estomper. Il y a comme une contradiction, un paradoxe... L'esclavage TOTAL de la société splugorth — dans la perspective que j'ai voulu montrer dans cet article — permet, selon moi, de jeter un autre regard sur celle-ci. Et de se dire que, définitivement, les splugorths craignent. Grave.

Marché aux esclaves dans un monde splugorth. Illustration de Viktor Titov.
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